Brisons le silence face au terrorisme d’Etat en Colombie

10 avril 2005

Prétendre qu’en Colombie il n’y a pas de conflit et, en même temps, montrer les soldats et les policiers comme les seules victimes de celui-ci n’est qu’une grossière campagne destinée à laver l’image de l’Etat colombien. Les gouvernements colombiens successifs entretiennent une vision manichéiste du conflit selon laquelle «les bons», ce sont ceux qui aiment et défendent la constitutionnalité, et «les méchants», ce sont les défenseurs des droits humains, les opposants politiques, les ONG, les organisations sociales et populaires opposées à ce projet d’Etat.

D’après des organismes internationaux compétents, les forces armées officielles et leurs bandes para-militaires sont responsables de plus de 80% des violations des droits humains en Colombie. Cependant, les victimes du régime colombien ne sont pas mentionnées dans les proclames où le gouvernement parle des morts que produit le conflit: ces morts sont invisibles pour le régime.

Dans les statistiques officielles de l’Etat, on ignore sciemment les morts occasionnées par les bombardements de la force aérienne, les enfants qui naissent avec des malformations causées par les fumigations au gliphosate, les milliers de disparus, les millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, les Colombiens obligés à s’exiler, les prisonniers politiques, les personnes massacrées par les bandes de narco-trafiquants et de para-militaires (que le gouvernement est en train d’institutionnaliser dans un simulacre grotesque de «dialogue de paix»).

Ces morts, ainsi que toutes les victimes du terrorisme d’Etat, méritent, eux aussi, d’être mentionnés dans cette messe ; les oublier constitue non seulement une offense à leur mémoire, mais aussi un acte d’ignorance historique face au drame que vit la Colombie.

Par des actes comme celui-ci, le gouvernement colombien et ses institutions prétendent se présenter au monde comme étant solidaires de la douleur des familles des soldats tombés au combat, en occultant leur refus de réaliser un échange humanitaire qui permettrait que bon nombre de leurs soldats et policiers faits prisonniers au combat retournent chez eux, en même temps que les prisonniers politiques qui croupissent dans des conditions infra-humaines dans les différentes prisons du pays.

Ainsi que de nombreux Colombiens vivant à l’étranger, nous refusons de rester muets face à des actes comme celui-ci, dans lesquels la religion et le rite catholiques sont utilisés afin de déformer la réalité colombienne et insulter avec le silence les morts du peuple. C’est pour leur mémoire que nous sommes aujourd’hui devant vous, pour vous dire que pour ces morts, nos morts, il n’y a pas une seule minute de silence.

Colombiens et colombiennes : Réfugies statutaires, requérantes d’asile, sans papiers, en adoption par de familles Suisses, mariés avec de Suisses/ Suissesses, citoyens Suisses solidaires avec la Colombie

 
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